Nnaemeka Ali, O.M.I
Dans le monde entier, on le racontera, en souvenir d’elle — Luc 7, 36-50

Aujourd’hui, Jésus reprend son périple, et fait la connaissance d’une dame qui était considérée indigne par les élites et des leaders religieux de son temps, et malheureusement encore de notre. C’était lors d’une visite à un pharisien nommé Simon. Et lorsque cet évènement se déroulait,
« survint une femme de la ville, une pécheresse […] elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. »
Elle s’est mise à mouiller les pieds de Jésus avec ses larmes et puis à les essuyer avec ses cheveux. Et Simon s’est mis à dire :
« Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus profite donc de cette occasion pour instruire son invité et ses convives. Prenant la parole, il lui pose une question très importante. Un créancier a deux personnes qui lui doivent de l’argent. L’un lui doit une petite somme, alors que l’autre, un gros montant, poursuivit Jésus. S’il pardonne tous les deux, lequel, selon vous, serait le plus heureux ? Simon lui répondit « celui qui lui devait plus d’argent. » Et ben dit Jésus,
« Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. »
Elle est une pécheresse aux yeux humains, mais devant Dieu, elle a trouvé grâce.
Pour mieux saisir ce passage d’évangile, nous devons toujours garder les yeux fixés sur la trame narrative de Luc. Il a un grand souci pour les pauvres, les marginalisés et des personnes généralement considérées dans les milieux religieux comme étant loin de Dieu. Dans ce récit, il souligne surtout la conversion de cette dame. Oui, elle est pécheresse, pourtant elle est aussi fille d’Abraham.
Il y a une phrase de cet épisode qui ne se trouve pas chez Luc, mais que je trouve révélatrice. Cette belle phrase d’une richesse impressionnante se trouve seulement chez Marc. Elle se lit :
« En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle a fait. » (Marc 14, 9.)
Pour mieux célébrer la beauté du courage de cette dame, Marc a décidé de le rendre universel. « Partout » est le mot clé dans cette belle phrase de Marc. Pour lui, il ne faut jamais oublier que Jésus nous a demandé de toujours remémorer sa rencontre avec cette dame rejetée par la société de son temps partout où l’évangile est annoncé. Mais, malheureusement, on s’en souvient moins même si on continue de célébrer plusieurs autres personnes de peu de courage.
Quel peut être l’intérêt de ce passage pour notre temps ? La réponse se trouve dans nos différents entourages. Combien parmi nous se sentent de fois rejetées par la communauté, la famille, et même par l’Église ? Combien d’entre nous agissent comme Simon le pharisien ; toujours prêts à juger les autres ? Combien voient vraiment le cœur aimant et repenti de ces hommes et ces femmes meurtries par les évènements hors de leur contrôle ? Combien reconnaissent en eux-mêmes ce courage d’aller vers Jésus de Nazareth ? Combien leur souhaitent une deuxième chance ? Un mot d’encouragement, de fois, peut faire une grande différence.