Nnaemeka Ali, O.M.I
En Vêtement de Noce — Mt 22, 1-14

Jésus continue son enseignement sur le royaume des Cieux. Hier, à travers la parabole des ouvriers de la onzième heure (Mt 20, 1-16), il nous a fait comprendre que l’amour de Dieu n’est pas soumis aux paramètres humains. Et, que sa justice est équitable, et son amour, inconditionnel.
Le récit d’aujourd’hui nous plonge au cœur de la polémique entourant la vision messianique du Christ. Jésus venait juste d’arriver à Jérusalem (Mt 21, 1-11) — le centre de la religion de son peuple. Déçu par une forme de religiosité élitiste et capitaliste, il s’insurge contre l’instrumentalisation de la religion (Mt 21, 12-13). Et puis, il se met à recevoir les exclus — les boiteux et des aveugles —, et les enfants, nous dit l’évangile, qui criaient « Hosanna au Fils de David ! », suscitant ainsi la colère des chefs religieux et des spécialistes de la loi (21, 14-16).
Et, comme pour protester contre cette hypocrisie des leaders religieux, il se retira de la ville Sainte pour aller au village voisin, Béthanie. Était-il dans la famille de ses amis Marthe, Marie et Lazare ? Ce détail n’intéressait pas l’auteur de l’évangile de Matthieu. Tout ce que nous savons c’est qu’il a passé la nuit à Béthanie. Et le lendemain, bien préparé, il revint les affronter.
C’est à son retour, après avoir affronté ces leaders, qui, aussi, étaient apparemment préparés pour lui, qu’il racontera la parabole d’aujourd’hui. Dès son retour au temple, les autorités ont voulu savoir sur quelle autorité il faisait le miracle.
« Quand il fut entré dans le temple, les grands prêtres et les anciens du peuple s’avancèrent vers lui pendant qu’il enseignait, et ils lui dirent : “En vertu de quelle autorité fais-tu cela ? Et qui t’a donné cette autorité ?” (21, 23).
Dans son habitude, il leur répondit avec une question. Et quand ils ont refusé de répondre, il s’est mis à les dénoncer encore plus fort. Il dénonça leur hypocrisie à travers la parabole des deux fils (21, 28-32), et à travers la parabole de vignerons (21, 3-43), il les accusa d’avoir rejeté et maltraité les prophètes.
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’évangile d’aujourd’hui. C’est la suite du chapitre 21 où Jésus affirmait que “le Royaume de Dieu vous (les chefs de prêtre - et aujourd’hui, tous les hypocrites qui se prennent pour les meilleurs) sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits.” (21, 43).
Dans la parabole des invités qui nous est présentée, aujourd’hui (Mt 22, 1-14), Jésus s’adresse aux grands prêtres et aux anciens du peuple. Dans cette parabole, le roi est Dieu, et les invités sont les chefs de prêtres et toutes les personnes qui ont la possibilité d’être proches du royaume des Cieux, mais qui ne le sont pas. Rappelons que le royaume des Cieux, pour Jésus, va toujours ensemble avec l’amour ou la justice de Dieu.
La grande question, aujourd’hui, c’est celle de savoir qui sont, désormais, ces chefs de prêtres que Jésus dénonce. Ce sont tous ceux et celles qui bénéficient de son amour, mais qui ne le valorisent pas. Ou encore, tous ceux qui méprisent les plus faibles dans la société. C’est aussi tous ceux et celles qui ignorent la bonté de Dieu dans leur vie.
Combien, parmi nous, remercient encore Dieu pour l’air que nous respirons, pour notre santé, pour le soleil qui brille sur nous, etc. ? Aujourd’hui, nous sommes appelés à nous demander si nous reconnaissons la présence de Dieu dans notre vie. Comment réagissons-nous vis-à-vis de son amour ? Sommes-nous prêts à honorer cette invitation, ou sommes-nous trop occupés pour en prêter attention ?
Et si, par sa grâce, nous sommes proches de lui, vivons-nous en fils et filles d’un Dieu-amour ? Portons-nous nos vêtements de noce ? Le vêtement d’amour, d’entraide, de patience, de joie, de persévérance, de charité, de prière, d’amour, de vérité, etc. ?
N’oublions jamais que “beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »