Nnaemeka Ali, O.M.I
Marc Vollant : Notre Étoile Polaire

Les autres étoiles, même si elles brillent très fort, n'estomperont jamais l'étoile polaire
Un jour, j’ai eu la visite de ma famille de Malio. J’étais à Ekuanitshit. Timak venait juste de m’apprendre à faire la pizza. Je voulais donc les impressionner. Ça ne faisait pas encore longtemps depuis mon arrivée dans la communauté. Je suis donc allé acheter des peppéronis au dépanneur de la communauté. Et comme il n’y avait pas de peppéroni là-bas, j’ai acheté du Baloney. J’étais bien fier d’avoir réussi ma pizza. Et puis, ils se sont mis à manger avec appétit. Je me réjouissais intérieurement car Timak semblait aimer ma pizza. Et tout d’un coup, il me demande ce que j’avais mis dans la pizza. Je ne connaissais pas encore bien la différence entre le Baloney, le peppéroni, et le salami. Je sors donc le reste, et c’était bien du Baloney. Il riait toute la soirée de ma pizza au Baloney. « C’était du jamais vu, qu’il me disait ! »
J’aurais beaucoup d’autres histoires à raconter sur Timak, mais je sais que tous ceux et toutes celles qui l’ont connu ou côtoyé auraient aussi tant de choses à dire sur ses histoires qui ne finissent jamais. Tout le monde sait que Timak avait toujours une histoire à raconter.

Si vous l’avez croisé dans sa cantine (Cantine TIMAK), ou encore lors de ses moments de paparazzi, dans une activité culturelle, ou une rencontre spirituelle, etc., vous aurez déjà eu l’honneur d’écouter ce grand conteur. Il avait une histoire pour chaque événement.
Depuis que je l’ai connu, on a toujours été content de se voir. Et il avait toujours une nouvelle recette à me faire goûter, et surtout une histoire à me conter. Maintenant, je suis presque sûr qu’il est en train de raconter des histoires aux gens qui ont tout le temps pour l’écouter.
Timak, je joins ma voix à celle de toute la famille Vollant pour te remercier pour tout ce que tu as été pour eux, pour moi, et pour toute la communauté. Ta porte était toujours grandement ouverte pour moi, et toute ta famille est devenue la mienne depuis que j’ai été (quasiment) adoptée par ta famille. Ton départ est difficile à comprendre, mais qui a dit qu’on peut comprendre la mort ? Une chose est, toutefois, claire : tu mérites ce repos que le Créateur vient de t’accorder.
L’hiver te sera désormais agréable, et le Nord, la terre sacrée de tes ancêtres, près de ton cœur nomade. Cette cinquième saison dans laquelle tu viens juste d’entrer, le chemin rouge te l’a aussi préparée d’avance. Regarde en avant, et tu verras l’étoile du Nord. Il te guidera vers d’autres gens qui t’ont précédé. Écoute bien, et tu entendras atikut, uapushat, mashkut, maikana, etc., te dire Kuei, Timak, bon retour au Nuitshimit, où tu as toujours été attendu depuis ta naissance. Tu peux sembler presque absent, aujourd’hui, mais quand une étoile s’éteint, elle laisse toujours la trace de son existence.
Les nombreux voyages que tu as organisés pour les jeunes, ainsi que tous les temps que tu as investis pour ta famille, ta communauté, ta culture et la spiritualité, te serviront de mot de passe pour entrer dans ton nouveau chez toi. Et, pour nous, la trace de ton passage dans cette partie de Nitassinan.
Je t’ai écouté parler, une centaine de fois, de ta foi en humanité ; de ton profond respect pour le sacré et la diversité de voies menant à Dieu, de ton respect pour les valeurs de ton peuple ; et ton respect pour le sacré se faisait régulièrement ressentir.
Que les ancêtres t’accueillent avec beaucoup de joie dans ce territoire céleste et nordique. Et que le visage du Grand Esprit t’illumine le chemin.
Vas-y, Marc, repose-toi auprès de ton Créateur, mais n’oublie pas de nous envoyer tes photos de temps à autre.