Nnaemeka Ali, O.M.I
On l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous » — Matthieu 1, 1-16.18-23
Aujourd’hui, nous célébrons la nativité de la Vierge Marie. C’est une fête qui commémore sa naissance. Et même si les évangiles canoniques n’en parlent pas, l’apocryphe tel que le protévangile de Jacques, composé au IIe siècle, nous présente cet événement. Un jour, nous dit Jacques, Joachim, le père de Marie était exaspéré par ceux qui se moquaient de lui, et de la stérilité de sa femme Anne. Il s’est donc retiré au désert pour prier et jeûner. Le quarantième jour, l’ange est apparu à Anne pour lui annoncer qu’elle enfantera. Il s’est présenté ensuite à Joachim pour lui annoncer le même message.
Mais pour cette célébration, on nous présente plutôt l’annonce de la naissance de Jésus. Cette lecture est composée de deux grandes parties : la généalogie de Jésus (Mt 1, 1-16), et l’annonce à Joseph (Mt 1, 18-23.) La première partie est constituée d’une longue liste des noms. Au premier coup d’œil, il semble monotone et sans intérêt, pourtant il y a des messages codés dans cette longue liste.
La communauté de Matthieu était juive et se rappelait bien la promesse faite au peuple d’Israël :
« Un rameau sortira de la souche de Jesse, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. » (És. 11, 1-2).
Donc, quand Matthieu écrivait, probablement à peu près 50 ans après la résurrection de Jésus, Il s’est inspiré de la tradition de son peuple. Et vu que sa communauté était juive, il situa Jésus dans l’histoire de leur tradition.
Alors, dès le début, il nous raconte l’origine de Jésus en faisant savoir que c’est le fils de David, fils d’Abraham. Avec une seule phrase, il rattacha Jésus à deux promesses fondamentales faites à son peuple. La prophétie d’Ésaïe que nous venons de citer et la promesse faite à Abraham comme père de la nation (Gen. 17, 1-8).
Dans sa liste, sont aussi nommées cinq femmes : Thamar, Rahab, Ruth, la femme d’Urie, et Marie. Et presque chacune de ces femmes a une histoire particulière, pourtant, c’est à travers elles que Dieu réalise sa promesse. Avec cela, Matthieu dit à sa communauté que Dieu est capable d’utiliser qui il veut et quand il veut.
Ensuite, dans la deuxième partie, Matthieu nous présente la rencontre entre Joseph et l’Ange de Dieu. Dans ce récit, l’Ange de Dieu est apparu à Joseph dans un songe pour l’arrêter de renvoyer Marie qui venait de concevoir par l’Esprit saint.
Dans cette deuxième partie de la lecture (Mt 1, 18-23), Matthieu fait un retour au livre d’Ésaïe :
« Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. » (És. 7, 14).
Par cela, it dit à sa communauté que cet enfant de Nazareth est le sauveur promis. C’est lui l’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Aujourd’hui, Jésus nous réassure encore, à travers cet évangile que Dieu est capable de choisir qui il veut pour réaliser son œuvre. Rehab était prostituée, mais Dieu a sauvé le peuple d’Israël grâce à elle (Jos. 6, 17-25). David a tué Urie pour prendre sa femme Bath Shoua, fille de Ammiël. Ruth a défié la loi interdisant les Moabites d’être admis dans la communauté d’Israël (Deut. 23, 3), etc.
Emmanuel, Dieu est avec chacun de nous : les forts, les faibles, les saints, les pécheurs, les braves, etc. Ouvrez-lui votre cœur!