Nnaemeka Ali, O.M.I
Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, mais ne faites pas ce que je dis ? – Luc 6, 43-49

Cet évangile achève le discours que Jésus a commencé à sa descente de la montagne. Dans celui d’hier, il mettait ses disciples en garde contre de faux leaders qui prétendent connaitre Dieu. Et dans le discours d’aujourd’hui, il s’appuie sur trois autres aphorismes — des discours ou des sagesses communiquées dans peu des mots — pour leur indiquer ce qui compte réellement :
Un bon arbre se reconnait par son fruit,
C’est d’un bon cœur que ressort un grand trésor, et
L’homme sage construit sa maison sur une bonne fondation.
Selon Jésus, ce n’est pas en se disant croyant qu’on démontrera sa foi, mais plutôt à travers des actions. Cette injonction est importante pour la communauté de Luc, car étant une minorité, leurs voix ne comptaient pas dans leur société. Mais si chacun d’eux donne de bons exemples, le monde verra en eux la présence de Dieu. C’est par leur manière de parler, de vivre, de participer dans la vie de leur société, etc. qu’ils démontreront qu’ils sont de Dieu, car un bon arbre ne se reconnait que par ses fruits.
Et ceci est vrai, insiste Luke, vue que le trésor d’une personne se trouve au fond de son cœur. C’est bien grâce à ses gestes qu’on verra la grandeur de son cœur. C’était une réalité importante pour cette communauté formée dans la justice sociale et ouverte à l’Esprit-Saint.
Pour Luc, une communauté devrait s’attacher solidement au Christ, car il est la fondation rejetée par le bâtisseur et qui est devenue la pierre d’angle. C’est en s’enracinant au Christ que la communauté deviendra comme une maison bâtie sur une forte fondation. Elle restera inébranlable.
Aujourd’hui encore, cet évangile nous interpelle. Il nous questionne sur les fruits de notre cœur. Quels fruits porte-t-il notre cœur ? Quel message envoyons-nous à ceux qui se rapprochent de nous ? Nos attitudes, attirent-elles des gens qui nous voient, ou essaient-elles de les éloigner du Christ ?
Enfin, l’évangile s’interroge sur la qualité de notre foi. Est-elle inébranlable face à toutes les difficultés que vit notre société ? Est-elle enracinée au Christ ? Est-elle assez forte pour affronter la déception liée au racisme dans la société et dans nos églises ? Est-elle assez profonde pour ne pas se laisser emporter par les abus sexuels, spirituels, et du pouvoir des prêtres ? Et en qui avons-nous mis notre foi ? Notre foi est-elle sur des structures passagères, sur des êtres fragiles, sur l’histoire tronquée, ou encore sur les institutions patriarcales et paternalistes ? Notre foi ne devrait-elle pas être ancrée sur le Christ ? N’est-ce pas celui qui nous a promis d’être toujours au milieu de nous ?
Prions aujourd’hui avec le psalmiste :
« Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. » (Psaume 50 [51], 12.)