Nnaemeka Ali, O.M.I
Qui séjournera sous ta tente ?
Les trois lectures de ce dimanche nous parlent toutes des communautés en voie de se réinventer. Ce sont des communautés qui ont, déjà, connu de beaux temps et de pires moments. Dans la première lecture, après des centaines d’années d’exil, le Seigneur s’est souvenu d’Israël et par la main de Moïse, Aaron et Josué, il les conduit vers la terre promise.
Mais après tant d’années dans un pays étranger, on finit par oublier les traditions et coutumes de son peuple. Les israélites avaient besoin des lois et des principes qui pourront guider leurs pas dans ce nouveau pays qu’ils prendront. Voici le contexte de la première lecture.
« Maintenant, Israël écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. »
Le peuple devrait inventer des lois qui leur permettront de vivre librement. C’est aussi le cas de plusieurs nations. Ils vivaient dans leurs propres écosystèmes jusqu’à leur rencontre avec d’autres nations. Et ces types de rencontres finissent toujours par transformer leurs formes de vies. Des peuples nomades qui se sont sédentarisés devraient, par exemple, trouver des lois leur permettant de vivre dans des communautés fermées. Ils devraient aussi faire face à des nouvelles réalités et défis. Un retour à leurs récits d’origine, aux Écritures saintes et à l’histoire de leurs ancêtres leur sera toujours nécessaire dans leur processus d’adaptation.
Ils devraient savoir que l’avenir de leur peuple, comme celui du peuple d’Israël repose entre les mains de leurs leaders. Et ces derniers ont besoin de la coopération de tous leurs peuples. Ils devront travailler ensemble, les jeunes comme les aînés, afin de trouver le chemin que le Seigneur a tracé pour eux.
La deuxième lecture s’insère aussi dans cette optique. La lettre de Saint Jacques a été probablement écrite entre 30 et 50 ans après la résurrection du Christ. C’était adressé aux judéo-chrétiens dispersés dans toute la diaspora. Ces communautés qui sont nées des juives fuyants la rébellion et la destruction du temple sont en voie de définir leur identité et retrouver leur propre chemin.
« Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. »
L’auteur rappelle à ses communautés que malgré la destruction du temple et leur exile le Seigneur reste immuable, et sa parole demeure toujours en eux. Il les exhorte à mettre ces paroles en pratique au lieu de se contenter de l’écouter.
Quand une communauté cherche à se réinventer, elle n’a pas besoin de miracles. Dans leurs traditions, cultures et pratiques religieuses existent déjà les germes capables de faire naître les forces nécessaires pour s’adapter à leurs nouvelles réalités.
L’évangile (Mc 7, 1-8.14-15.21-23) a été aussi écrit dans cette même situation. L’auteur, par la parole de Jésus, dit à sa communauté que ce qui est important n’est pas l’obéissance aveugle à la loi, mais plus tôt ce que l’on fait de son environnement.
« Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
La deuxième lecture le dit encore mieux. Selon cet auteur, « un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde. »