Nnaemeka Ali, O.M.I
Réssuscités, Recherchons les réalités d’en haut

Pour la Pâque de cette année, j’ai été amené à regarder la résurrection non pas comme un évènement ponctuel, mais plus tôt comme un cheminement quotidien. En effet, en écoutant l’auteur de la lettre aux Colossiens parler de notre résurrection en lien avec celle du Christ, « si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut », je me suis demandé ce qu’il entend par « les réalités d’en haut ». Évidemment, nous sommes souvent portés à voir la spiritualité en terme cosmique alors que le monde entier est aussi l’ouvrage de ses mains. Et si la spiritualité englobe aussi notre monde matériel, pourquoi les réalités d’en haut ne -seraient-elles pas aussi tout ce qui peuvent nous relèver?
D’ailleurs, si la résurrection veut dire se relever, pourquoi les réalités d’en haut ne seraient-elles pas tout ce qu’il nous relève — ce qui nous ressuscite ? J’appelle cette forme de résurrection une résurrection quotidienne. Évidemment, cette vision de la résurrection s’oppose à celle dont parle très souvent Saint Paul. Pour lui, la résurrection du Christ c’est la preuve que nous aussi, nous ressusciterons au dernier jour.
« Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. » Rom 6, 5
Contrairement à cette théologie paulienne, la résurrection quotidienne se base sur la lettre aux Colossiens. Cette résurrection n’est pas eschatologique, mais immédiate, « ici et maintenant ».
Ce n’est pas une nouveauté car si nous regardons bien ce qui s’est passé après la résurrection du Christ, nous comprendrons que la communauté chrétienne s’est relevée après l’impasse qui a précédé la mort de Jésus. D’abord les femmes se sont rendues au tombeau ne sachant pas ce qu’elles allaient voir. Les évangiles nous disent que tôt le matin, elles se sont (re)levées pour se rendre au tombeau. C’était leur résurrection du jour de Pâques. La survie du christianisme doit énormément à la bravoure de ces femmes. C’est suite à la visite de ces femmes que les années qui ont suivi ont vu cette jeune et peureuse communauté de Nazareth se disperser dans le monde entier. Elle s’est relevée pour aller dans le monde entier pour parler de son expériences, surtout celle de la nouveauté que le Christ leur a apportée.
Malheureusement, beaucoup d’entre nous sont figés sur cette idée eschatologique de la résurrection. Ces derniers se sont assis sur la résurrection quotidienne des autres. Ils créent des lois qui empêchent les marginalisés à se relever — à ressusciter. Ils forment les théologies ghettoïsantes qui ostracisent des personnes ayant d’autres visions différentes des leurs et les empêchent de participer dans la vie de l’Église. Pourtant, la résurrection de Christ devrait être la source de notre vie. Elle devrait battre les murs qui nous séparent les uns aux autres.
Le Vendredi Saint de cette année, des femmes se sont relevées pour proclamer la Pâque dans nos villes. Elles se sont mises devant comme les femmes de Nazareth pour réclamer leur résurrection quotidienne. Elles se sont relevées pour crier haut et fort que la Pâque de Jésus devrait briser les chaînes qui nous retiennent. Leurs marches comme celle qui a conduit les femmes de Jérusalem au tombeau du Christ sont un appel au secours. Elles nous demandent comme Marie :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Qu’avons-nous donc fait de notre humanité ? Qu’avons-nous fait pour nos sœurs assassinées ? Que faisons-nous pour nos frères et sœurs ayant d’autres orientations sexuelles ? Pourquoi assoyons-nous sur la résurrection quotidienne de nos frères et sœurs.
Et comme diras l’Ange aux disciples, il n’est pas ici, il est ressuscité. Sortons de nos sentiers battus pour aller à la rencontre de ce ressuscité qui nous fait signes sur le visage des opprimés, sur la honte de nos frères et sœurs ostracisés, etc.