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  • Writer's pictureNnaemeka Ali, O.M.I

Sur la route de la mission

Updated: Apr 2, 2021


Depuis mon arrivée dans le territoire innu, j’ai croisé, lors de mon itinérance, beaucoup de gens extraordinaires. Quelques fois, certains enfants s’émerveillent et me posent des myriades des questions d’une apparence banale. Je rencontre aussi des jeunes qui me racontent de belles histoires sur leurs rêves d’un lendemain meilleur. Il m’arrive de les écouter sans pouvoir leur donner des réponses. Et souvent, je les admire seulement, car ils viennent avec un plan de match déjà bien organisé.

Je fais également la connaissance des jeunes mamans et papas qui naviguent, aisément entre leurs difficultés individuelles et celles de leurs jeunes enfants. Ces derniers me surprennent par leur capacité de demeurer résilients malgré les défis des fois presque insurmontables. Ils finissent toujours avec un sourire gracieux, car ils croient profondément à l’amour inconditionnel.

Je rencontre pareillement des nukum et des numushum, ces grands-mères et ces grands-pères qui se rappellent encore bien des jours ténébreux et des moments heureux de leur jeunesse. Je ne manque pas l’occasion de les écouter parler de tout et de rien. Et d’autres moments, je suis séduit de les écouter raconter leur foi. Il arrive que je ne saisisse que quelques mots de tout ce qu’ils me disent. Beaucoup d’entre eux s’adressent à moi en cette belle langue dont plus je l’admire, moins je la comprends. Mais à mainte fois, je déchiffre parfaitement le moindre de leurs gestes, car ils parlent aussi en un langage universel. Ils s’expriment à travers un regard qui transcende les syntaxes de nos multiples langues. Par leurs yeux qui ont vu autant de jours et de nuits, ou leurs sourires qui ont éveillé autant de curiosité et calmé tant de vacarme, je communie au plus sacré de leurs histoires.

Leurs âmes de nomades heureux enchantent mon esprit de missionnaire nomade. Quand je les écoute parler des temps anciens, mon esprit de missionnaire sans domicile fixe éclate d’un rire libérateur. C’est bien drôle lorsque je me surprends absorber dans leurs récits quasi surréalistes ou encore de leur fixer un regard avec une admiration enfantine comme si je saisissais bien leur langage ancestral. Ce détail est, évidemment, pour ceux qui comprennent la différence qu’il y at entre le nutshimiu-aiamun (langue ancestrale) de ces aînés nés dans le territoire au Nord, et ceux de la génération moderne. Pourtant, sans parler l’innu-aimun, je communique avec eux, à cause de nos liens lointains. Nous nous entendions bien, car entre humains, nous appartenons tous à un même arbre généalogique.


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