Nnaemeka Ali, O.M.I
Vous avez fait de moi un prêtre heureux

Aujourd’hui, on pouvait voir visiblement que, malgré ses 86 ans, le père oblat Laurent Desaulniers reste toujours un homme du cœur. C’était ce qu’il a manifesté quand l’autobus portant plus de cinquante aînés de la communauté innue de Matimekush-Lac John a débarqué à la réception du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap à Trois-Rivières.
Rappelons que chaque année des centaines d’autochtones se mobilisent pour assister à la neuvaine de Sainte-Anne, la grand-mère de Jésus à Ste Anne de Beaupré. La neuvaine est une forme de prière qui se déroule en neuf jours consécutifs. C’est souvent un temps où on récite une série de prières particulières implorant l’aide de Dieu ou en demandant l’intercession de la Vierge Marie ou d’un autre Saint. Il existe aussi d’autres neuvaines directement adressées à Dieu.
C’est grâce à cet évènement qui, chaque année, rassemble des communautés autochtones, surtout des aînés, à Sainte-Anne de Beaupré que la communauté de Matimekush-Lac John en a profité pour rendre visite à ce missionnaire qui leur est cher. Ils se sont mobilisés pour rendre la neuvaine de cette année digne de ce qu’elle est, et surtout pour rendre grâce au Seigneur pour la protection qu’il a accordée à la communauté pendant tout ce temps de pandémie. Un voyage organisé a donc été planifié pour tous les aînés qui souhaitaient y prendre part.
En train, en auto et en avion, ils ont fait plus de mille kilomètres pour s’y rendre. Arrivés hier, le 23 juillet, ils se sont reposés pour mieux entrer dans cet événement de foi. Et dès le lendemain, cet exercice spirituel a repris avec une visite de courtoisie au sanctuaire Notre Dame du Cap où réside depuis quelques années cet ancien missionnaire du peuple innu, le P. Laurent Desaulniers. Ce fut donc une journée d’une forte émotion pour cet octogénaire oblat, mais aussi pour ces aînés qui l’ont accueilli dans leur communauté pour plusieurs années.
Rappelons que le P. Laurent a d’abord été missionnaire en Bolivie où il a lutté à côté des miniers et d’autres ouvriers. Un homme pour qui la justice sociale est un enjeu évangélique, il a passé plusieurs années comme prêtre ouvrier afin de comprendre et aider les ouvriers exploités par les grandes entreprises.
À son retour au Canada, après quelques années où il a travaillé pour la formation de futurs oblats, il a été envoyé dans les communautés innues. Lors de son homélie, d’aujourd’hui, il a remercié les peuples innus d’avoir fait de lui un prêtre heureux. Selon son témoignage, parmi des miniers, en Bolivie, il était un missionnaire et ouvrier (minier) à la fois. Mais à son arrivée chez les Innus, la communauté lui a montré la joie d’être missionnaire, en l’accueillant comme l’un de leurs. On le voyait manifestement ému et reconnecté avec ce peuple qui l’aime aussi.
Au départ, il a pris le temps de saluer chaque aîné. Et avec sa manière d’être, chaque aîné a été reçu avec une attention particulière. Et chaque aîné a aussi été évidemment heureux de le revoir. Ensuite, après ce rituel d’accueil, il a présidé l’Eucharistie en Innu-aimun. Des aînés des communautés de Matimekush-Lac John, d’Ekuanitshit, et d’Uashat-Mak-Mani-Utenam ont fait partie de cette belle délégation qui a rempli le petit sanctuaire de ce lieu historique de la Mauricie. L’événement s’est clôturé avec un repas festif au Buffet des Continents.